Le Toucher Thérapeutique
Le Toucher Thérapeutique
Jean-Marc Girard
massothérapeute, formateur
Formation : TT1, TT2, TT3
Soirée d’introduction
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Un geste de Cœur
J’avais 21 ans, le cœur grand ouvert comme un St-François, en amour avec la beauté sacrée de la vie. Chaque fleur, chaque coucher de soleil était une communion avec l’invisible. Ma respiration n’était plus limitée à l’air dans mes poumons, chaque inspiration était une fluidité vitale qui coulait à travers tout mon être, mon corps pulsait, vibrait d’une effervescence sublime. Je me sentais lié à tous les rochers, les arbres, le monde, par ces courants invisibles. Un échange continuel se faisait entre moi et mon environnement, je me sentais ouvert à une dimension subtile, une dimension remplie de vie, de sens, de cœur.
Je percevais l’atmosphère de chaque chose, de chaque être à distance. Mes mains picotaient d’énergie, je touchais avant de toucher. Je sentais les différentes qualités de chaque champ, tous mes sens éveillés aux subtilités de ce monde.
Je n’avais jamais lu sur ce sujet, jamais entendu parler de cela, jamais rencontré quelqu’un qui vivait cela, mais il n’y avait pas de doute chez moi que c’était un état naturel, un état dans lequel mon être se baignait et se nourrissait.
Cette expérience m’a amené à chercher le sens de ce phénomène, d’ouvrir ma conscience, ma vie à ce monde invisible qui devenait beaucoup plus visible et palpable pour moi. J’ai découvert que je n’étais pas seul à vivre ces expériences et que cette réalité nous suit depuis le commencement des temps.
J’ai appris que cette fluidité énergétique qui court à travers mon être est autant une expression de moi que mon corps, mes pensées et mes sentiments. Quand je suis ouvert, en harmonie avec moi-même et mon environnement, la sensation énergétique est vitale et équilibrée; quand je suis pris dans mes rouages psychologiques, en souffrance de l’âme, l’énergie est lourde, dense et difficile.
Mes mains qui me parlent
Mes mains ont appris à communiquer avec ce langage subtil. En présence de la douleur, c’est naturel que la compassion s’exprime à travers un toucher de réconfort, le même geste se fait énergétiquement. Quand je me trouvais en présence de la souffrance, je sentais mon désir d’aider comme une vague énergétique qui allait vers l’autre, une connexion empathique qui pulsait avec des vibrations d’amour. J’ai appris avec le temps et à travers plusieurs apprentissages, comment être aidant dans une situation de souffrance. Le Toucher Thérapeutique a été un de ces apprentissages.
Le Toucher Thérapeutique
Aujourd’hui, on appelle le Toucher Thérapeutique un geste aussi vieux que le voyage humain sur terre. En 1972, Dolores Krieger, infirmière américaine, a développé une forme contemporaine d’interaction thérapeutique qui démystifie les traditions millénaires de l’imposition des mains. Sa formation de recherchiste scientifique en biologie, l’a amenée à comprendre ce phénomène voilé de mystères et de rituels. Sa recherche et celles de plusieurs autres, l’ont guidée à formuler une compréhension plus scientifique de cette approche.
Les plus récentes technologies nous permettent de voir et de décoder les premières couches de ce monde invisible. La physique quantique nous parle d’un univers énergétique : plus on subdivise la matière, plus on arrive à une réalité non matérielle. Elle considère que nous sommes dans un univers fluide et interconnecté où l’intention de la conscience influence la matière.
Les photographies Kirlian montrent les champs électromagnétiques qui dansent autour de toute matière vivante et non-vivante. Il existe aussi un instrument qui nous permet d’observer le mouvement énergétique d’une personne à l’autre, de mesurer les fréquences, les couleurs, les qualités des ondes. Notre perception de la réalité est donc confrontée à une redéfinition.
En Toucher Thérapeutique, on considère que notre intention, notre compassion, notre cœur, ont une influence sur des cellules endommagées, sur un enfant souffrant du SIDA, sur une âme en détresse, etc. Les mains véhiculent l’intention de se partager avec l’autre; un flux d’énergie se dégage de tout notre être, de toute notre présence.
Moyen de se protéger
Avant de partager avec l’autre, il faut d’abord prendre soin de nos besoins fondamentaux, que notre présence, notre énergie soient les plus saines que nous puissions offrir. Plusieurs techniques existent pour s’aider énergétiquement avant de commencer un travail. On utilise la respiration pour se centre, on visualise notre champ énergétique bien enraciné dans la terre et branché dans le ciel afin de sentir le flux vital à travers notre être. On visualise nos frontières bien définies et claires pour encadrer notre intégrité énergétique. Pendant une séance, lorsqu’on se sent fatigué, on s’arrête pour se recentrer avec la respiration et la visualisation. En terminant le travail, on reprend notre espace vital en détachant les liens subtils avec l’autre, on se décharge en balayant notre champ vers la terre, ce qui permet à toute surcharge ou tension d’être libérée. Avec une intention claire, on retrouve notre autonomie mutuelle.
Séance de travail
Une fois bien centré, on entre en contact avec l’autre, on place nos mains doucement sur son corps, créant un lien empathique. Ce lien forme une atmosphère intime comme un utérus de protection où la personne peut s’ouvrir, s’abandonner au processus psycho-énergétique. Nos mains explorent le champ à quelques pouces de distance du corps du client, des sensations de picotements, de chaleur, de densité, des pulsations, etc. peuvent être perçues à travers nos mains et notre corps. Mais il n’est pas nécessaire de percevoir ces phénomènes énergétiques pour travailler avec cette approche.
Ce n’est pas seulement un échange de quantité énergétique comme si on voulait recharger une batterie, mais plutôt un partage de présence, de qualité, de sens.
C’est cela qui permet à l’autre de se reconnecter avec sa propre sagesse innée qui est la source de sa santé et de son bien-être. L’exemple de deux pianos exprime bien le principe de la résonnance: quand une note est jouée sur un piano, la même note résonne sur l’autre, les ondes invisibles causent une réaction de résonnance. Le même principe se vit entre deux personnes: plus on peut créer et vivre un état centré, ouvert et connecté à la vie, plus notre simple présence invite et permet à l’autre de vivre la même chose. On se sent très présent avec quelqu’un qui se sent très présent, c’est l’authenticité de notre vécu qui nous permet d’aider l’autre.
Le Toucher Thérapeutique vise la santé intégrale de la personne. L’approche est basée sur l’intuition créative qui permet d’intégrer plusieurs techniques selon le besoin présent et les ressources du thérapeute et du client. Voici quelques techniques qui peuvent accompagner les échanges énergétiques: la respiration; la suggestion verbale (ex. : « sois dans un état d’ouverture à toi-même ») pour amener la personne dans un état de détente et de réceptivité; le contact physique (étirement, massage, etc.) pour favoriser un relâchement physique et physiologique; l’imagerie mentale et sensitive pour évoquer des qualités, des couleurs, des atmosphères psycho-énergétiques; les échanges verbaux; l’art thérapie pour accompagner le processus psychologique, etc.
Ainsi, les exercices amènent la personne à développer ses sensibilités à ce monde subtil, les techniques équilibrent les champs énergétiques, les approches encadrent les aspects de la relation d’aide, évidente dans ce type de travail thérapeutique. Mais le plus important, c’est le bienêtre du thérapeute, son évolution, son engagement à se connaître dans ses forces et faiblesses, qui permet un échange riche, humain et thérapeutique.
Effets physiologiques et psychologiques
Les effets de l’échange énergétique se ressentent souvent par une profonde détente globale où la personne vit un lâche prise, une connexion intime avec elle-même, favorisant le soulagement des douleurs physiques, psychologiques et spirituelles.
Au plan physique, on note une stimulation des systèmes sanguins, lymphatiques et hormonaux, la guérison des plaies et la cicatrisation des os. Des études faites sur le développement staturo-pondéral (croissance et prise de poids) et neurologique du nouveau-né prématuré démontre que cette approche favorise leur croissance.
Contre-indications
Comme c’est une approche très respectueuse et non-envahissante, les contre-indications sont peu nombreuses. En massage, on adapte la pression à la personne et à ses besoins, la même chose est vraie au niveau énergétique. Ce n’est pas nécessairement la quantité mais plutôt la qualité énergétique qui est aidante. On doit apprendre à moduler l’intensité de l’énergie pour répondre au besoin spécifique. Une surcharge, spécialement dans la région de la tête, peut causer des malaises, mais tout revient à la normale assez vite lorsqu’on permet à la personne de se reposer quelques minutes. (Les bébés et les jeunes enfants sont très sensibles, une petite dose de courte durée est recommandée).
Les premières et les dernières semaines d’une grossesse sont des périodes de grands changements. Il est déconseillé durant cette période de surcharger la région de l’utérus, mais on peut équilibrer le champ de la mère d’une façon générale sans danger.
En ce qui regarde les problèmes psychiatriques, une personne qui a tendance à décompenser (type « borderline » de psychose, schizophrénie, etc.) ou qui démontre une grande faiblesse au niveau de ses frontières et de son enracinement dans la réalité, peut se sentir envahie facilement par une intensité énergétique. Il est recommandé de travailler en équipe avec des professionnels en santé mentale. Ces approches ne sont pas interdites, mais il faut les adapter pour répondre aux limites de la personne concernée.
Intégration au massage
On voit bien comment cette approche peut s’intégrer à la massothérapie. Ça fait 35 ans que je travaille comme massothérapeute et, souvent, avant de commencer un massage, je prends le temps d’évaluer l’état énergétique de la personne. Cela me donne des pistes, m’indique où mettre l’accent pour le travail corporel. On peut utiliser une simple méthode d’harmonisation, en plaçant les mains de chaque côté de la tête, à la base de l’occiput, pour permettre plus de détente et d’ouverture. Les tensions corporelles se travaillent beaucoup plus facilement.
Aussi, quand on trouve une région très sensible ou douloureuse, qui ne permet pas de contact physique, l’approche énergétique peut être la solution. La plupart du temps, je termine en utilisant quelques points de contact énergétique (une main sur le front et l’autre sur le bas du ventre) qui favorisent l’intégration du travail corporel. Ensuite, l’enracinement, le « grounding », se fait avec un contact aux pieds.
Cette approche n’est pas seulement un outil d’intervention, c’est aussi un moyen de ressourcement précieux pour le thérapeute.
Le rêve
C’est clair que dans un monde « high-tech » où la technologie a tendance à nous déshumaniser, plusieurs cherchent une approche qui nous ramène à nos valeurs fondamentales, à des contacts simples, pleins de cœur et pleins de sens.
Mon rêve, c’est de voir des approches comme le Toucher Thérapeutique s’intégrer dans notre société, pas seulement au niveau professionnel, mais plutôt au niveau de toutes nos interactions humaines.
Que nos contacts humains puissent devenir un échange créateur qui libère la beauté de notre être, c’est un rêve qui se réalise quand le cœur est ouvert.
Bibliographie
KRIGER, Dolores. The Therapeutic Touch, Prentice Hall, 1979
Living the Therapeutic Touch, Dodd. Mead, 1987
Guide du Toucher Thérapeutique, Suisse, Vivez Soleil, 1998.
WEST, André. Le Toucher Thérapeutique, Maison du Roseau, 2001.
MACRAE, Janet. Therapeutic Touch: A practical guide, New York: Knopl, 1988.
Articles
CUMMINGS, richard. Le Toucher Thérapeutique, guide ressources, mars-avril 1988
LÉVESQUE-BARBIS, Hélène. Le Toucher Thérapeutique, L’infirmière canadienne, déc. 1984
De GRAMONT, Monique. L’énergie de la guérison, Châtelaine, déc. 1984
LEBRUN, Claude. Le Toucher Thérapeutique, Elle Québec, 1994
Pour toutes informations consultez : www.jeanmarcgirard.com